Publié dans Bon pour a Tête le 31 août 2018: LIEN
Dans les sous-sols encore inachevés d’un musée inachevé se dressent les œuvres inachevées d’un des grands maîtres de la peinture contemporaine. Disparu en 2001, Balthus a imprimé son époque d’une figuration mystérieuse qui fige le temps : jeunes femmes lascives, chats immobiles et mise-en-scènes oniriques.
L’homme de théâtre Bob Wilson découvrait l’univers de Balthus dans les années septante lorsqu’il débarquait à Paris de son Texas natal. « Je suis tombé amoureux d’un grand dessin ». Le jeune américain venait de créer la sensation avec ses premières pièces, « Le regard du sourd » (1971, sept heures de spectacle sans paroles) et « Einstein on the beach » (1976, un opéra de cinq heures sur la musique sérielle de Phil Glass).
Une amitié s’ensuivit et les artistes se suivaient de loin en loin. L’année 1993 voyait même la présentation simultanée à Lausanne d’une importante exposition Balthus au MCBA et la production au théâtre de Vidy de « Orlando » par Wilson avec Isabelle Huppert.
Il a fallu attendre l’invitation de Wilson au Grand chalet de Rossinière où Balthus vécut ses dernières décennies pour déclencher le nouveau projet qui vient d’aboutir à Lausanne. Setsuko Klossowska de Rola, la veuve du peintre, était frappé par la ressemblance de l’intensité du regard de Wilson avec celle de Balthus lorsqu’il contemplait les toiles à peine commencées et elle lui proposa d’en faire un projet.
Son intérêt a été saisi par de grands quadrillages (dont plusieurs sont exposées à Lausanne), qui démontrent que « l’artiste avait déjà tout le tableau en tête. »
Tout est dans la structure rappelle-t-il, dans la capacité à utiliser les codes classiques pour bâtir une oeuvre :
Ce n’est pourtant pas une exposition qui accueille les visiteurs du pré-MCBA, mais une expérience immersive élaboré dans l’idée que le classique est intemporel, même quand il est inachevé. Quatre salles se succèdent dans un environnement en dehors du temps, baigné dans un univers sonore et dessiné par la lumière. Wilson donne à l’œuvre de Balthus une nouvelle éternité.
Robert Wilson – Balthus Unfinished
Du 31 août au 9 septembre 2018